La muscade, noix de la mondialisation
Connus depuis les Romains, les épices se diffusent au Moyen-Age en Europe. Ils deviennent indispensables pour relever tous les mets et les sauces des viandes au goût souvent insipide.
Luxueuses, les épices venues d’Orient étaient très recherchées. Parmi elles, la noix de muscade, évidemment. Les épices arrivaient par la mer rouge, l’Egypte ou la Syrie, puis les marchands vénitiens ou génois prenaient le relais en Méditerranée.
Las de ces intermédiaires, les Portugais d’abord au XVIème siècle, suivis des Hollandais puis des Anglais se sont lancés sur la route des épices afin de mettre la main sur ces produits à haute valeur ajoutée.
La guerre des épices allait commencer, avec son lot de massacres, de transactions, de légendes et de personnages cruels et avides de richesses.
Les îles de Banda, dans l’archipel des Moluques, en Indonésie, portent les traces de cette guerre des épices entre les nations européennes. La puissante VOC, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, première multinationale du monde, a contrôlé le commerce de la noix de muscade pendant 200 ans dans les Moluques.
Tout était bon pour maintenir les cours très élevés de la muscade et les Hollandais allaient jusqu’à tremper les noix dans un lait de chaux pour détruire leurs propriétés germinatives.
Quelques décennies plus tard, conscient des bénéfices des épices, le français Pierre Poivre réussit à subtiliser quelques plans de muscadiers et de girofliers aux Hollandais pour les implanter dans les îles de France et de Bourbon (aujourd’hui La Réunion). C’est ainsi que des muscadiers poussent depuis le début du XIXème siècle à la Réunion et aux Antilles et en particulier à Grenade, deuxième producteur mondial après l’Indonésie.